(15/03/19) - Dans les histoires de Lucky Luke, les gardiens de prison d’antan - appelés de nos jours les "assistants de surveillance pénitentiaire" (ASP) – sont ceux qui surveillaient les hors-la-loi attachés à une grosse chaîne munie d’un boulet de bagnard.
C’est temps-là appartiennent toutefois définitivement au passé. La fonction actuelle requiert de multiples aptitudes et une grande portion de connaissance, confiance en soi, ténacité, etc…
Par respect pour les femmes et les hommes qui se donnent tous les jours à fond dans ce job, et afin de donner une image claire de la véritable nature de cette fonction, c’est un honneur de mettre ce métier en vue.
Travailler comme ASP, c’est choisir pour une fonction en service ininterrompu, donc dans un système d’équipes où il faut travailler certains weekends, en moyenne 2 sur 4. Le planning implique que l’ASP passe parfois d’un service tôt à un service tard, ou qu’il fasse sur une journée un service tôt et une nuit. Une telle organisation de travail est très épuisante et complique la vie sociale. S’y ajoutent le manque de personnel, l’impossibilité de prendre ses congés et le surpeuplement des prisons, ce qui rend le métier extra pénible. Des services en journée sont également d’application, ils sont généralement liés à des postes ou services spécifiques et appuient souvent le fonctionnement du service tôt et tard.
Comme déjà mentionné, ce métier exige diverses aptitudes et beaucoup de connaissances, indépendamment de la partie du job qu’on exerce. Outre celle requise pour les postes spécifiques, il faut être fin psychologue, avoir des réactions rapides et pouvoir estimer une situation rapidement et entièrement. Mais le métier requiert aussi d’autres ingrédients comme l’humanité et la bienveillance.
La tâche que doit accomplir l’ASP dépend du poste assigné. Chaque institution a ses propres activités quotidiennes et il est quasi impossible d’en donner un aperçu détaillé parce qu’elles diffèrent d’une institution à l’autre.
On attend en premier lieu de l’ASP qu’il garantisse la sécurité, tant au sein de l’institution que vis-à-vis du monde extérieur. Il doit aussi connaître les aspects administratifs, les procédures et les règles internes et externes et faire preuve de psychologie. L’ASP est celui qui maintient l’ordre parmi les détenus, qui les accompagne au sein de l’institution, qui les écoute, qui rapporte les problèmes et qui intervient, qui surveille les mouvements, qui inspecte les cellules et qui assure le contact entre le monde extérieur et la prison. Ses missions sont tellement diverses et variées que les énumérer nous mènerait trop loin.
Comme il y a régulièrement des grèves dans les prisons, les gens concluent vite que « les gardiens sont fainéants et qu’ils ne veulent pas travailler ». La liste des tâches énumérées ci-avant et la combinaison avec le service ininterrompu démontrent toutefois rapidement que ce n’est pas le cas. Le métier d’ASP n’est pas seulement physiquement pénible mais aussi souvent émotionnellement. Il est vrai que les grèves sont de tous les temps mais dans ce groupe-ci, ce sont souvent les mêmes problèmes qui donnent lieu à des interruptions de travail. En premier lieu, il y a le manque de personnel qui empêche la prise de congé ou de repos compensatoire, ce qui fait que les gens tombent malades, en burn-out, etc…
Lorsqu’il est impossible de remplacer le personnel absent, on attend quand-même que les activités pour les détenus aient lieu, donc plus de travail pour moins de personnel, avec tous les dangers pour la sécurité personnelle que cela implique. De plus, il y a l’état critique des bâtiments : comment peut-on garantir la sécurité quand il faut travailler dans des installations vétustes où le matériel est défaillant, les caméras ne fonctionnent pas ou les portes ne ferment pas. D’autre part, il y a de plus en plus de gadgets sur le marché qui compliquent la tâche du gardien, comme des petits téléphones mobiles qui sont de plus en plus difficiles à tracer.
Un autre problème, c’est que les détenus deviennent de plus en plus agressifs. Le temps où le chef avait de l’autorité est révolu et les détenus ont de plus en plus de droits. N’oublions pas non plus que l’ASP n’est pas armé, son outil de travail c’est la clé pour ouvrir et fermer les portes des cellules. Ajoutez-y le problème de la surpopulation qui met en péril la sécurité générale et personnelle et qui souvent excite encore plus les esprits entre les détenus, et les problèmes généraux relatifs aux statut des fonctionnaires et vous avez le bouillon de culture idéal pour des actions de grève.
Eddy DE SMEDT
Secrétaire permanent SLFP-Prisons Nord